"Si l'instant est douloureux, convoque tes souvenirs heureux." – Epicuriens grecs
Depuis 100.000 ans l'homme participe à des rituels ; soit des sépultures –les premières sont situées au Proche-Orient ; soit des rites liés aux différentes étapes de la vie de l'homme et de la femme. Qu'est-ce qu'un rite et en quoi celui-ci est important ? Un rituel désigne un ensemble de pratiques destinées à marquer un moment important de la vie d'une personne (naissance, passage à l'âge adulte, mariage ou l'arrivée des enfants et la mort). Ces cérémonies spécifiques sont là pour marquer une étape, un moment important où le temps s’arrête pour célébrer une personne ou un événement.
Dans nos sociétés, l’inhumation marque le dernier rite d’une personne.
La célébration (qu'elle soit laïque ou religieuse) dédiée au défunt permet à la famille, aux amis, aux connaissances de rendre un dernier hommage et de présenter ses respects à l’entourage proche. Au-delà de cette réunion, ne pas célébrer ce dernier instant, ce dernier rassemblement est pour les vivants un écueil qui pourrait se révéler d’un grand traumatisme –nous le constatons lorsque les rituels d’enterrement ne peuvent être posé, fait, exécuté du fait de l'absence de corps (attentat, guerre, disparition en mer, etc.). Le mort est-il bien mort ? Nous ne pouvons pas nous recueillir sur une tombe, nous ne pourrons nous réunir pour parler de celui-ci qui est parti.
Cette étape fait partie du processus de deuil et notamment de l’acceptation de la disparition de la personne. Tout comme elle a été fêté pour sa naissance, un temps doit être posé pour sa mort.
Comme dans tout moment particulier –et le décès d’un membre d’une famille, d’un ami, d’un collègue est un moment fort dans notre propre vie– cette année (2020), il est important d’être vigilant aux familles qui n’ont pu enterrer, célébrer leur mort durant le confinement, mais également durant les temps où les rassemblements ont été interdit.
Outre le fait qu’un décès est souvent un choc dans une famille –surtout quand il est soudain, ne pas le ritualiser revient à nier la présence la vie de la personne dans ce qu’elle a été durant son incarnation dans sa famille, son village, sa communauté et revient donc à nier une partie de nous-mêmes, de nos souvenirs avec cette personne.
Nous mesurons l'importance de ces rituels en nous apercevant du traumatisme sur la famille –difficultés que les proches ont à passer à une autre étape du deuil– ou dans les générations suivantes lorsque des répétitions se mettent en place –prénom du défunt donné à un enfant, métier particulier repris par un descendant, particularité physique ou artistique se reproduisant, envahissement psychique lié au secret ou au non-dit, etc. Pour rappel les étapes sont les suivantes : déni, colère, marchandage, dépression et réinvestissement.
Le passage dans une église, dans un temple, une synagogue ou une mosquée, une cérémonie laïque permet aux membres de la communauté de se rassembler afin de rendre un dernier hommage, d’honorer la personne, d’en parler, de se raccorder à la vie. C’est le moment où les morts et les vivants se « croisent ». Pour dire –aux autres mais surtout à soi-même–, je l’ai vu, j’y étais. Ainsi je m’inscris dans une vie différente de lui ou d’elle, sans lui ou sans elle à mes côtés. Je m’inscris dans un temps –passé, présent, futur–. Les fleurs misent sur les tombes en ces temps de recueillement, la Toussaint est un temps ou ceux qui n’ont pu honorer leur défunt va pouvoir enfin prendre ce temps précieux. Alors que dans certaines régions et les grandes villes l’interdiction de se rassembler à plus de six personnes est mise en place (pour contexte sanitaire) que dire de ces cérémonies chères aux familles.
Les rituels font parties notre humanité ; alors, quand nous sommes empêchés d’y participer comment pouvons-nous faire ?
Ne plus les mettre en place constitue une déshumanisation de notre façon de vivre. Ne plus se toucher, ne plus s’approcher, s’éloigner les uns des autres sont autant de façons d’oublier que nous sommes des êtres de contacts et de communication.
Alors !
Allez fleurir les tombes de vos défunts.
Mettez une bougie.
Rendez-leur un hommage comme il l’aurait souhaité si vous en avez connaissance et vous de quelle manière souhaitez-vous leur rendre hommage.
Tout est possible, le cœur des hommes est ouvert et vous pouvez par la pensée par un acte, par une attention par un temps posé vous recueillir et vous remettre en lien avec celui qui est parti de l’autre côté du voile.
Vous pouvez vous inscrire dans une cérémonie confessionnelle ou créer de toute pièce ce qui est juste pour vous, même si vous ne pouvez pas vous rendre sur place. De là où vous êtes, vous pouvez prendre le temps du recueillement en pensée.
Après ce temps de rite, un autre temps sera là : le temps du silence, le temps de l’absence physique de l’autre. Parfois, il sera des moments où l’impression d’entendre l’autre parler ou de le voir arriver par la porte sera réelle. C’est une autre vie qui débute alors !
A tous nos défunts, à mon père mort en 2017,
C’est ainsi que je te rends hommage, parce que tu as vécu, parce que je suis en vie, je peux parler de toi parce que je t’ai connu.
A toi, ma cousine, qui est morte hier et dont je ne sais pas en ce temps de nouveau confinement si je pourrais me rendre à ton inhumation la semaine prochaine. Je prendrai de toute façon le temps de te dire au-revoir ...
"Tout bonheur commence par un petit déjeuner tranquille "
William Somerset Maugham
Les vacances propices au changement
Les vacances s’immiscent sur le champ
Les vacances à elles seules réparent
Le trop plein de l’année avalé.
Les congés de l’été
par leur rythme allégé
permettent à notre corps de se poser.
Les congés de l’été
mettent notre cerveau en villégiature
à défaut de réelle coupure.
Les congés de l’été
ouvrent nos sens
à une autre connaissance.
Sous un arbre, au bord de l’eau, en montagne ...
Bel été à vous !